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Les opérateurs télécoms sont de plus en plus conscients que, pour monétiser pleinement leurs investissements autour des technologies telles que le cloud, l’IA, l’automatisation et les réseaux 5G, ils devront innover au-delà de leurs services de connectivité de base. Cependant, décider des opportunités qui apporteront la meilleure valeur et soutenir l’innovation sur le long terme restent parmi les plus grands défis. Dans une interview exclusive accordée à Telecom Review Afrique, Alpha Barry, directeur région Afrique, et Mohammed Saad Miss, directeur de la même région, télécom, média et technologie chez Atos partagent leurs stratégies de création d’une fondation visant à y créer une plus grande agilité, sécurité, efficacité et innovation.

L’émergence de services d’argent mobile a ouvert de nouvelles opportunités commerciales. Quel pourrait être le rôle potentiel des opérateurs télécoms dans le domaine de l’argent mobile et des paiements mobiles ?

  1. Barry : En Afrique, chaque pays/région a sa propre expérience. Au nord du continent, le système d’argent mobile n’est pas très développé. C’est le cas du Maroc, par exemple, où presque tout le monde a un compte bancaire. Alors que si l’on se dirige vers le centre et le sud, au Burkina Faso ou au Kenya par exemple, environ la moitié de la population n’en n’a pas. Dans ce cas, le mobile banking (banque mobile) propose les services qui leur manquent pour compenser la faiblesse du système bancaire classique.
  2. Miss : Les fournisseurs de services de communication (FSC) se transforment en banques. Ils gèrent des millions de transactions, fournissent de plus en plus de services bancaires et, à l’avenir, il n’y aura pratiquement plus de frontières entre une banque et un FSC. Il convient de noter que les téléphones mobiles fourniront presque tous les services, y compris financiers.

Comment Atos participe-t-il à l’accélération de la transformation numérique de l’Afrique, en créant une dynamique, éliminant les obstacles, en créant un impact ?

  1. Barry : Nous contribuons à la transformation numérique de l’Afrique en tant que des leaders dans ce domaine et en ayant les bonnes compétences. Aujourd’hui, Atos compte plus de 2 600 personnes en Afrique qui se consacrent à fournir à nos clients la transformation numérique dont ils ont besoin et à les aider à apporter à leur client final une relation beaucoup plus digitalisée. Par exemple, en Égypte, nous travaillons à la création d’une banque totalement numérique.

De plus, nous développons nos ressources tant au Maroc qu’au Sénégal où nous avons un delivery center dans chacun des deux pays, consolidant ainsi notre présence sur le continent pour soutenir la numérisation des économies.

En Afrique du Sud et au Nigéria, nous sommes partenaire de l’une des plus grandes entreprises de télécommunications, par le biais de notre security operations center (SOC), qui fournit tous les services de sécurité nécessaires pour éviter les cyberattaques. Nous développons également des applications pour elles en Ouganda et au Ghana.

Quelles valeurs ajoutées les FSC retirent-ils des systèmes de soutien opérationnel, des systèmes de soutien commercial et de la transformation de la CRM ?

  1. Miss : Depuis des années, les entreprises télécoms ont entrepris de grands projets de transformation autour des Systèmes de soutien opérationnel (OSS) et des Systèmes de soutien commercial (BSS) du back-office. Ils ont également lancé des initiatives pour mieux soutenir l’engagement stratégique des clients, l’automatisation des catalogues de produits et la transformation des réseaux.

La première valeur importante pour cette transformation est le coût : en transformant son BSS et son OSS, un FSC peut réaliser une baisse permanente à la baisse des coûts fixes des technologies de l’information (et mieux aligner les coûts variables sur les revenus croissants ou décroissants). Le passage des systèmes existants à une plate-forme cible moins coûteuse entraîne généralement une réduction du nombre d’applications et des coûts de maintenance.

La deuxième est l’efficacité : La migration vers une nouvelle plate-forme consolidée crée des opportunités pour rationaliser les systèmes et les processus à travers les BSS et OSS, ce qui conduit à une excellence opérationnelle substantielle et efficace dans les fonctions de « front office È et de « back office ». Ils permettront d’améliorer et de réduire le temps de traitement des appels des clients et pourront plus facilement supporter les volumes croissants de transactions. Cela réduira systématiquement leurs pertes de revenus.

De plus, la réinvention de l’entreprise est un élément clé de la transformation BSS et OSS. Les FSC peuvent plus rapidement et plus facilement réinventer leur activité principale, développer des partenariats d’écosystème qui les aideront à créer des offres plus riches et plus nouvelles.

La croissance des revenus est également un facteur-clé pour la transformation des systèmes BSS et OSS. Une approche axée sur le client apporte un avantage significatif dans les promotions de vente croisée et de vente incitative.

Les nouvelles technologies de pointe telles que la 5G et la NFV entre autres, nécessitent une nouvelle conception BSS/OSS pour assurer l’amortissement et le bon fonctionnement du service.

Aujourd’hui, les données sont considérées comme le nouveau pétrole. Dans ce contexte, quelle est l’importance de la monétisation des données et quel est son impact sur la transformation des villes intelligentes ?

S.Miss : Actuellement, la monétisation des données est très importante. Elle permet de tirer le maximum de valeur des données en maximisant les profits, en réduisant les coûts et en optimisant les opportunités pour votre organisation, vos clients et vos partenaires.

En monétisant les données, vous comprenez vos clients cibles, créez des segments significatifs, améliorer l’expérience client et renforcez leur fidélité et satisfaction. Plus vous en savez sur votre client, plus vous pouvez personnaliser un service ou un produit.

Aujourd’hui, toutes les villes tentent de monétiser les données. Nombre d’entre elles ont déjà mis en place des échanges de données, des capteurs urbains, des parcmètres intelligents, des systèmes de gestion de flotte et des services de transport, afin de fournir aux start-ups et aux entreprises toutes les informations disponibles qu’elles peuvent monétiser. Il s’agit donc d’une nouvelle source de revenus pour, également, les villes.

Atos présente un large portefeuille d’offres cloud B2B. Comment déploie-t-il ces solutions pour aider à développer le marché?

  1. Miss : Le parcours vers le cloud diffère d’un client à l’autre. En fait, alors que certains traitent de leur infrastructure existante, d’autres sont en bonne voie avec un environnement de cloud hybride ou multi-cloud.

Atos OneCloud a été lancé en tant que nouveau programme stratégique. Il aide les entreprises à façonner un avenir en cloud. OneCloud est une initiative révolutionnaire qui associe l’expertise en matière de conseil et de transformation des applications dans le domaine du cloud à l’accélérateur de cloud et à des talents innovants dans un ensemble de services de bout en bout pour aider nos clients dans leur parcours vers le cloud.

Notre vision est très claire. Nous aidons les organisations à naviguer et à exécuter la transformation de leur centre de données afin de réduire les risques et les coûts tout en maximisant la valeur commerciale.

Comment la cybersécurité influence-t-elle les FSC et quels sont les avantages de la cybersécurité dans ce domaine ?

  1. Miss : La cybersécurité est essentielle pour les infrastructures et les services de télécommunications. Elle est aujourd’hui un facteur commercial majeur pour les services à valeur ajoutée des FSC. Dans la plupart des pays, les régulateurs considèrent l’infrastructure des FSC comme vitale.

Les FSC ont saisi que la cybersécurité est un générateur de revenus. Outre la mise en place de leur propre security operations center (SOC), ils ont commencé à se convertir en fournisseurs de services de sécurité gérés (MSSP) pour fournir des services de cybersécurité à leurs utilisateurs finaux ou aux entreprises.

En tant qu’Atos, nous sommes un leader mondial de MSSP, nous avons aujourd’hui plus de 15 SOC, plus de 6 000 experts en sécurité, et nous avons également renforcé nos capacités en acquérant plusieurs sociétés telles que IDnomic pour les cartes PKI, Evidian pour la gestion des identités et des accès (IAM) et l’authentification unique (SSO), Trustway (chiffrement des données) et Paladion pour les SOC.

En outre, notre dernier SOC de nouvelle génération ou ce que nous appelons détection et réponse gérées – basé sur l’intelligence artificielle pour la sécurité en tant que service – aide les FSC, et plus globalement toutes les entreprises, à construire et à sécuriser leur infrastructure.

Comment Atos peut-elle créer une base pour une plus grande agilité, sécurité, efficacité et innovation en Afrique ?

  1. Barry : Notre stratégie en Afrique est basée sur trois domaines principaux :

Tout d’abord, nous mettons à la disposition de nos clients finaux potentiels en Afrique - privés ou publics - le vaste portefeuille d’offres d’Atos. Nous nous adressons aux principales industries, en insistant sur trois secteurs : le public, où nous avons déjà commencé à aider à la numérisation des ministères des Finances et de l’Intérieur dans plusieurs pays ; le bancaire, pour l’aider à moderniser ses applications existantes et à les numériser avec des systèmes bancaires en ligne originaux ; et celui des télécommunications, qui est en plein essor en Afrique.

Deuxièmement, nous avons observé une grande vague de startups en Afrique, notamment au Kenya, en Afrique du Sud, au Maroc, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Nous avons commencé à étudier comment nous pouvons travailler avec ces startups sur les idées et les innovations qu’elles proposent et les présenter au public. Le processus est un peu long mais il y a beaucoup d’idées et d’innovations qui pourraient être générées en Afrique et qui pourraient même parfois être exportées dans le reste du monde.

Troisièmement, nous aidons les entreprises africaines à prospérer en déployant des projets « offshore » en dehors de l’Afrique, en travaillant à distance pour de grandes entreprises européennes, par exemple. Cette démarche est importante pour deux raisons principales : elle expose nos ingénieurs à des marchés plus matures qui, à leur tour, seront bénéfiques pour le marché africain, et elle apporte des devises fortes aux pays africains où Atos opère pour fournir les services offshores.

Atos vise à atteindre « zéro émission nette ». Quelles mesures l’entreprise prend-elle pour réaliser et accélérer son parcours de décarbonation ?

  1. Barry : En Afrique, la décarbonation est une question qui ne fait que commencer. L’objectif d’Atos est d’atteindre le niveau zéro d’ici 2025. Nous soutenons donc nos clients pour qu’ils aillent de l’avant et les aidons à franchir le pas en les encourageant à adhérer à l’ambition net zéro. Cependant, certains de nos grands clients au Maroc s’intéressent de près à la décarbonation.

D’autre part, EcoAct, acquis par Atos il y a un an, développe des projets en Afrique, notamment au Kenya, où l’objectif est d’aider la population de certains villages kenyans à réduire leur empreinte carbone lorsqu’ils brûlent du bois pour cuisiner. Pour cela, EcoAct fournit des cuisinières aux familles vivant dans de petites maisons et ainsi réduire leur consommation de bois.

  1. Miss : La décarbonation est un nouveau sujet que nous présentons à nos clients pour les aider à réduire leurs émissions de carbone et, nous espérons atteindre « zéro émission nette » dans un proche avenir. Grâce à l’acquisition d’EcoAct, nous tirons parti de leur savoir-faire sur ce sujet particulier pour nous aider à fournir ce type de service à toutes les entreprises, mais également aux FSC, pour réduire leurs émissions de carbone.
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