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Dans une entrevue exclusive accordée à Telecom Review Afrique, Mohamed Kante, Responsable d'équipe client, Orange Moyen-Orient et Afrique, discute les défis et opportunités des réseaux ruraux en Afrique et la valeur ajoutée dans les régions rurales, au niveau du réseau d'accès radio RAN. De plus, il a souligné les options possibles des business model.

Quels défis et opportunités entrevoyez-vous pour les réseaux ruraux en Afrique à mesure que l’économie évolue, les modèles sociaux changent et la diversité augmente ?

D’après le rapport 2022 de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) sur le développement numérique, près de deux personnes sur trois (66%) dans le monde utilisent internet. Au niveau du continent africain, ce ratio chute à 40% soit deux africains sur cinq utilisant internet. Quand on y regarde de plus près, on se rend compte que dans les zones urbaines en Afrique, ce pourcentage est proche de la moyenne mondiale : 63%. Alors que dans les zones rurales seulement 23% des africains utilisent internet. Cela est dû à des défis majeurs à surmonter, comme le manque d’infrastructure (routes, électricité courante), le manque de réseau de transport d’infrastructures dorsales, la difficulté des terrains, le faible niveau de revenu moyen par utilisateur ainsi que l’abordabilité.

Par ailleurs, d’après les données des nations unies, un peu plus de la moitié (55%) des africains vivent en zones rurales, représentant ainsi plus de 700 millions d’africains habitant en zones rurales en 2022.

Il est à noter aussi que pour atteindre les objectifs de développement durable, l’Afrique doit s’attaquer au problème de la fracture numérique. Cela doit conduire les principaux acteurs publics et privés à mettre en place des solutions innovantes afin de saisir les opportunités liées à la digitalisation dans le milieu rural, qui va toucher plus d’un africain sur deux. Cela va contribuer à l’évolution de l’économie numérique, avec une augmentation significative de la productivité dans certains secteurs comme l’agriculture et l’élevage, ainsi qu’une amélioration notable de l’éducation et de la santé.

Etant l’un des principaux acteurs du marché, quelle valeur ajoutée Nokia pourrait-il apporter dans les régions rurales, notamment au niveau du réseau d'accès radio RAN ?

En effet Nokia est un acteur majeur du développement des technologies de l’information et de la communication. En phase avec le slogan de Nokia « At Nokia, we create technology that helps the world act together », nous avons une responsabilité de développer la technologie qui adresse les principaux défis dans le monde sur le climat, la productivité mais également l’inclusion numérique.

C’est dans le cadre de cette inclusion numérique que Nokia a développé une solution innovante appelée Nokia LiteSite Rural qui permet de fournir la connectivité dans les zones rurales, plus particulièrement en Afrique. Cette solution a été inspirée par les besoins spécifiques des zones rurales en Afrique à savoir : une solution abordable, avec des couts d’exploitation minimés, alimentée par des sources d’énergie durable comme le solaire. Cette solution a été également conçue pour répondre aux programmes de connectivité rurale lancés par les principaux partenaires de Nokia en Afrique.

La solution LiteSite Rural présente plusieurs atouts qui apportent beaucoup de valeurs à la connexion rurale. Je vais vous en citer deux : la flexibilité et la durabilité.

Pour le volet flexibilité, tout d’abord la solution dispose de configurations standard avec la 2G et la 3G dans la même fréquence de 900 MHz ; et également la 4G pour les communautés rurales qui ont besoin de beaucoup de capacité. Par ailleurs, pour connecter le site rural au réseau, la solution dispose de plusieurs possibilités pour s’adapter aux contraintes du terrain. Parmi celles-ci, le backhaul UE relay qui est mis en place quand il y un signal LTE pour atteindre le site de la BTS rurale à partir d’un site dit donneur. Cette solution présente, plusieurs avantages car elle s’appuie sur le réseau LTE existant, et ne nécessite pas de charges d’exploitation de spectre comme c’est le cas des faisceaux hertziens. Un autre atout du Lite Site Rural de Nokia est de pouvoir se connecter à un site donneur d’autres fournisseurs LTE. Des tests effectués par Nokia en Afrique centrale ont permis d’atteindre près de 30 km entre le site donneur LTE 700 MHz et le site rural, avec un débit de 19 Mb/s et un excellent signal RSRP de -78dBm.

Une autre solution de transmission pour connecter le site rural consiste à utiliser le faisceau hertzien sous la bande des 6 GHz, qui est une bande non sujette à licence dans la plupart des pays, contribuant ainsi à optimiser les charges d’exploitations.

Quand plus de capacités sont requises (exemples des communautés rurales qui ont besoin de la LTE), des solutions à base de faisceau hertzien classique sont proposées.

Par ailleurs, quand le site est très isolé, avec impossibilité de connexion terrestre, le backhaul par satellite peut être mis en place avec un partenaire de Nokia.

Pour ce qui du volet durabilité, la solution utilise des modules dont les consommations énergétiques sont optimisées. L’alimentation est assurée par l’énergie solaire.

Enfin des modules reconditionnés peuvent être utilisés dans la solution, permettant ainsi d’apporter un impact positif sur l’économie circulaire.

Il est clair que la couverture et l’opération des réseaux mobiles dans le rural en Afrique nécessitent un business model différent que celui jusque-là utilise pour couvrir les zones urbaines. Quelles options sont aujourd’hui possibles ? Quid Nokia ?

Nous voyons émerger deux types de modèles : le modèle dit CAPEX et le modèle dit OPEX.

Le modèle CAPEX, bien qu’inspiré des déploiements en zone urbaine, peut présenter des spécificités du milieu rural. Dans ce modèle, l’opérateur achète l’équipement et les services pour déployer et connecter le site rural. Les charges opérationnelles doivent être limitées grâce au recours des équipements peu gourmands en consommation énergétique, à l’énergie solaire et des transmissions ne réclamant pas de couts récurrents pour le spectre. Des atouts qu’apporte la solution LiteSite Rural de Nokia.

Par ailleurs, ce scénario peut entrainer des mécanismes de financement, à l’image de ce qui existe auprès de l’Union Européenne pour encourager la connectivité des zones rurales.

Pour ce qui est du modèle OPEX, un troisième acteur entre en scène (généralement un opérateur d’infrastructure passive) pour déployer la solution rurale et proposer les services à l’opérateur moyennant des frais réguliers et ou partage de revenus.

Nokia est prêt de travailler avec l’opérateur et nos partenaires pour la mise en place du modèle qui répond aux mieux aux exigences de chaque situation spécifique.

Nokia a été sélectionné pour déployer un réseau de transport optique de nouvelle génération reliant plusieurs pays en Afrique. Comment ce réseau contribuera-il spécifiquement au développement des régions rurales de ce continent ?

Afin de fournir la connectivité dans les zones rurales, un maillon essentiel est l’accès radio dans le « last mile », comme abordé précédemment.

Cependant, afin de se connecter à l’internet, il y a aussi besoin du « first mile » avec la connectivité internationale, et le « middle mile » avec entre autres le transport d’infrastructure dorsale pour relier les localités.

A ce titre, Nokia, grâce à son entité ASN, est impliqué dans les principaux câbles sous-marins qui desservent l’Afrique. A titre d’exemple : ASN construit et déploie les 180 Tbps du câble sous-marin 2Africa qui va fournir une connectivité internet plus rapide et plus fiable à chaque pays desservi. C’est le plus long câble sous-marin, sur plus de 45000 km, reliant 19 papys africains à l’Europe et l’Asie, grâce à une innovation technologique développée par ASN pour le transport optique de nouvelle génération appelée SDM (Spatial Division Multiplexing). Cette technologie permet de fournir un prix par bit plus faible et plus optimisé.

Par ailleurs, Nokia dispose des équipements optiques de nouvelle génération qui permettent de fournir avec une excellente qualité de services et de la résilience, des infrastructures dorsales terrestres pour relier des localités sur des milliers de km et relier plusieurs pays africains entre eux.

Pour conclure, que faut-il mettre en place pour réduire la fracture numérique en Afrique ? Des efforts sont entrepris par les états et les principaux acteurs du secteur des Technologies de l’Information et de la Communication. Cependant, au regard de ce qui reste à faire, ces efforts devraient être multipliés davantage et diversifiés, sachant que la technologie évolue très vite.

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