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Dans une entrevue exclusive accordée à Telecom Review Afrique, Youssef Mrabet, CTO, Afrique du Nord et de l’Ouest chez Nokia, discute de la stratégie adoptée pour accélérer la 5G ses défis, la contribution de Nokia pour améliorer la monétisation de la 5G, en plus de leurs principaux objectifs pour 2023.

En Afrique, l’adoption de la technologie 5G est en croissance constante en raison de l’évolution de l’écosystème des terminaux. Quelle stratégie Nokia adopte-t-elle pour accélérer le lancement efficace de la technologie 5G ?

Selon la GSA, 228 opérateurs ont lancé la 5G dans 92 pays. En Afrique, ce nombre s’accroît, avec de nombreux opérateurs qui ont commencé par des essais de cas d’utilisation et par des mises à niveau progressives de leurs réseaux, mais aussi certains lancements commerciaux.

La 5G s’accompagne de perspectives particulièrement stratégiques pour l’Afrique et ses opérateurs :

  • Combler le fossé du très haut débit fixe avec la 5G FWA, afin d’améliorer la connectivité pour les consommateurs et les entreprises,
  • Permettre la digitalisation des entreprises et des industriels, afin d’améliorer la capacité concurrentielle,
  • Libérer l’innovation technologique au profit des économies et sociétés locales à travers des solutions et des contenus localisés,
  • Répondre aux futurs besoins de connectivité, puisque l’adoption des services numériques (streaming, gaming, metaverse) par les nouvelles générations est omniprésente.

Lors de la planification de la 5G, les opérateurs africains tiennent compte de l’utilisation des générations précédentes (2G, 3G) qui reste élevée, de la pénétration des terminaux qui est encore faible en raison du pouvoir d’achat et parfois du manque de culture numérique, etc.; mais surtout de l’investissement important qui accompagne chaque nouvelle génération.

Notre approche consiste à aider nos clients à élaborer et mettre en œuvre la bonne stratégie de lancement de la 5G pour leur marché spécifique, en analysant les données du réseau et de l’écosystème et en les comparant à d’autres réseaux et marchés, en choisissant les technologies (produits et fonctionnalités) à utiliser comme leviers et en exploitant les opportunités commerciales qui sont pertinentes.

Cependant, nous avons remarqué que la 5G est souvent incomprise ou réduite à ses capacités de débit. Il est donc nécessaire de déclencher un dialogue entre toutes les parties prenantes de l’équation 5G : technologie, cas d’utilisation, monétisation, marketing, commercial, finance, etc. afin d’établir une stratégie de lancement 5G performante. Dans ce sens, nous avons développé une série de formations et de workshops certifiants que nous organisons avec nos clients pour faciliter ce dialogue.

Comment Nokia a-t-elle pu relever les défis liés au lancement de la 5G ?

En ce qui concerne la 5G, Nokia occupe une place de choix. Avec 251 contrats commerciaux y compris l’ensemble des opérateurs dans le top 30 mondial, et un portfolio couvrant tous les domaines et composants de la technologie 5G, tels que l’accès radio, le backhauling et le transport, la virtualisation et l’automatisation des cœurs de réseaux, le Charging et la monétisation, nous avons sans nul doute l’expérience nécessaire pour réussir les lancements 5G. Encore plus exceptionnelle, notre expérience avec les secteurs verticaux de l’industrie est essentielle pour bien préparer et saisir les opportunités de la 5G.

Le retour sur expérience des projets de déploiement et des lancements commerciaux ne sont pas seulement essentiels pour croître, améliorer et adapter nos produits et fonctionnalités aux réalités du marché, mais sont également mis à contribution lors des discussions avec les opérateurs qui préparent et planifient leurs propres lancements 5G afin d’adapter les approches performantes et de capitaliser sur les difficultés rencontrées précédemment.

Quelles leçons avez-vous tirés de vos expériences dans d’autres continents et que vous avez pu mettre en œuvre en Afrique ?

Étant donné que la 5G est encore relativement nouvelle, toutes les leçons tirées des autres opérateurs et marchés devraient être prises en considération lors de l’élaboration des stratégies 5G sur notre continent. Voici quelques exemples :

Le premier est habituellement le choix d’architecture. Alors que la 5G NSA réduit les délais de mise sur le marché pour les opérateurs souhaitant être précurseurs, d’autres opérateurs, y compris en Afrique, pourraient être prêts avec leurs réseaux pour s’élancer directement vers la 5G SA au moment de l’attribution des licences. Choisir l’architecture SA pourrait également être logique pour les opérateurs souhaitant partager leurs réseaux d’accès 5G. En résumé et selon la situation du spectre et les priorités de l’opérateur (en termes de capacité et de couverture)  de nouvelles possibilités sont disponibles aujourd’hui pour répondre à leurs besoins, y compris la possibilité de supporter les modes NSA et SA simultanément…

Après les premières vagues de lancement 5G, nous avons des tendances claires sur les bandes de fréquences les plus adoptées par les opérateurs et celles qui sont les plus largement supportées par les terminaux. Cela est particulièrement utile pour les opérateurs afin d’établir un plan d’évolution du spectre pour leur réseau. Dans le cadre de ce plan, il est également nécessaire de se préparer à l’extinction des générations mobiles précédentes (2G et 3G) qui ont une efficacité spectrale moindre, et ce afin de faire place à la 4G et 5G qui sont plus efficaces. Cela nécessite de lancer la VoLTE et d’encourager son adoption, ce qui dépend également de l’écosystème des terminaux. C’est là qu’il peut être utile d’appliquer les leçons tirées de marchés comme l’Inde, où les opérateurs n’avaient d’autre choix que d’accélérer le passage à la VoLTE pour simplifier leurs réseaux et faire baisser leurs coûts opérationnels afin de faire face à la concurrence.

Une autre leçon tirée de marchés pourtant avancés, est que la capacité offerte par la 5G est tellement importante qu’il fait sens de l’exploiter pour d’autres cas d’utilisation comme l’accès sans fil fixe (FWA). La 5G FWA peut être positionnée de différentes façons par rapport au très haut débit fixe (xDSL/FTTx) : comme alternative, ou comme complément, mais dispose certainement du potentiel à tirer le revenu moyen par utilisateur (ARPU) de l’opérateur vers le haut et ainsi d’aider à améliorer le retour sur investissement de la 5G pour les opérateurs africains.

Les cas d’utilisation et la monétisation sont également des aspects clés où il est utile d’examiner les stratégies qui ont permis aux opérateurs d’améliorer leurs revenus ou d’augmenter leur ARPU après le lancement de la 5G.

La 5G est encore en plein essor, mais la monétisation est très importante pour l’adoption plus large de cette technologie par tous les opérateurs. Comment Nokia contribue-t-elle à améliorer la monétisation ?

Comme souligné précédemment, Nokia est active dans tous les domaines des réseaux 5G, et tente de contribuer à chacun avec des solutions et des produits qui peuvent être utilisés comme déclencheur de monétisation, voici quelques exemples :

  • Afin de permettre aux opérateurs de se positionner immédiatement sur les opportunités et les cas d’utilisation 5G , Nokia a développé une solution de Slicing 4G/5G Cela permet le Slicing sur un réseau 4G ou 5G NSA, sans attendre la 5G SA. La continuité des slices est également possible entre la 4G/5G NSA et la 5G SA, une fois déployée. Des Slices de réseau dédiés pour les entreprises ou pour le FWA peuvent être créés avec des SLA différenciés, et ainsi être monétisées dès aujourd’hui.
  • Nous pensons qu’une part importante des opportunités de monétisation pour les opérateurs dépendra de leur capacité à ouvrir leurs réseaux de manière à ce que leurs partenaires et clients puissent automatiquement déclencher ou contrôler les services via des API ou « consommer » les réseaux et l’infrastructure en tant que service grâce à des modèles novateurs d’exécution et d’assurance des services. Cela permettra à des parties tierces d’offrir des services novateurs aux consommateurs de façon transparente à travers les réseaux de leurs opérateurs et permettra à ces derniers de les monétiser. Nokia intègre ces capacités dans son 5G Core et les pousse beaucoup plus loin avec son concept novateur de Network as Code.
  • Les leçons tirées des lancements précédents de la 5G montrent que la monétisation repose sur le packaging des services et des contenus, sur les nouveaux cas d’utilisation, et sur la « consommabilité » et l’ouverture du réseau. Les modèles commerciaux doivent être axés sur la valeur, et au-delà du volume et des sessions doivent se baser, entre autres, sur des paramètres tels que la qualité de service, la localisation, l’utilisation des Slices ou des APIs. Cela signifie que la capacité de monétiser la 5G dépend considérablement de la flexibilité et de l’agilité des systèmes de Charging et de Policy Control que l’opérateur utilise(ra) dans son réseau.
  • La monétisation peut également être soutenue indirectement et directement par de nouvelles approches comme le SaaS, qui améliorent les délais de mise sur le marché et l’efficacité opérationnelle grâce à l’agilité qu’elles apportent. L’offre de services Telecom SaaS de Nokia va de l’analytique, au 5G Core, en passant par la sécurité, et est destinée à soulager les opérateurs du fardeau de l’installation et de la maintenance de certaines parties/composants du réseau, pour se concentrer sur le résultat opérationnel.
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