Le COVID-19 a prouvé notre besoin de technologie. Que ce soit au niveau de la communication ou des différents aspects de notre mode de vie, la technologie nous a concrètement plongé dans les domaines de la médecine, elle a joué un rôle primordial dans la lutte contre le COVID-19, surtout dans le contexte du confinement imposé par la plupart des pays afin de limiter la contamination. Télémédecine, robots et intelligence artificielle sont les piliers de ces nouvelles technologies
Afin d’éviter l’exposition au COVID-19 dans les salles d’attentes des hôpitaux et cliniques, la télémédecine a suscité un engouement beaucoup plus prononcé. Les consultations en visioconférence apparaissent comme une solution idéale quand la crise sanitaire en cours épuise les infrastructures de santé dans le monde.
Essor de la télémédecine
Il y a un an, une étude menée par l'Université du Michigan montrait que la télémédecine intéressait assez peu les personnes âgées.
« En quelques jours, cette perception a complètement changé », remarque Preeti Malani, la professeure de médecine qui a mené cette étude. « Surtout depuis que l'on a demandé à des personnes plus vulnérables, qui risquent des complications, de ne pas venir à la clinique ».
Les barrières administratives sont aussi en train de tomber. Le mois dernier (avril), les autorités américaines ont annulé les restrictions qui empêchaient Medicare, la couverture santé des seniors, et Medicaid, celle des plus pauvres, d'inclure la télémédecine.
Les régulations sur les données confidentielles ont aussi été assouplies - les médecins peuvent désormais utiliser Skype ou FaceTime, par exemple.
L'émergence de nouveaux objets connectés, des thermomètres aux oxymètres pour la mesure du pouls, et d’autres outils pertinents en facilitent la pratique. Joe Kvedar, président élu de l'association américaine de télémédecine, estime que la pandémie va aider à mettre en lumière quelles fonctions les consultations à distance peuvent remplir. Selon lui les visites de routine, de nombreux soins, la santé mentale, le suivi du diabète et d'autres peuvent être gérés via la télémédecine.
Selon les chiffres publiés par la Caisse nationale d'assurance maladie en France (Cnam), entre le 23 et le 29 mars près d'un demi-million de téléconsultations ont été facturées, soit plus d'une consultation sur dix réalisées dans l'Hexagone, contre moins de 1% avant l'épidémie de COVID-19.
En Afrique, la télémédecine gagne du terrain aussi, notamment en Tunisie, Algérie, Nigéria et Kenya. Cette dernière a mis en place un centre de télémédecine à l’hôpital national de Kenyatta, à Nairobi exclusivement pour faire face au COVID-19. Des spécialistes de la santé y collectent les données liées au dépistage et analysent en continu les résultats des analyses en provenance de tout le pays.
Robots et intelligence artificielle
La Tunisie, qui, elle aussi fait face au COVID-19, a eu recours aux robots et à l’intelligence artificielle afin de surveiller les patients à distance, diminuant ainsi le contact et le risque de contamination.
Un robot est utilisé dans l'un des principaux hôpitaux tunisiens qui prend en charge les patients atteints du COVID-19. Cet appareil longiligne à roues, surmonté d'un écran, est spécialisé dans le domaine médical : il peut mesurer la température, le pouls ou encore la saturation d'oxygène dans le sang.
A l'hôpital Abderrahmane Memmi de l'Ariana, près de Tunis, le premier à être équipé de ce type d'appareil dans le pays, le robot va surtout permettre aux médecins et aux proches de se rendre virtuellement au chevet des patients.
« Ça va permettre de diminuer le contact avec le malade et donc le risque de contamination du personnel », souligne Dr. Nawel Besbes Chaouch, qui dirige le service de pneumologie chargé des personnes contaminées.
« Cela facilite aussi la communication avec le patient : il pourra nous voir sur l'écran sans qu'on ait à mettre tous nos équipements de protection, qui l'empêchent de voir nos visages et de nous reconnaître », souligne-telle.
Un site web permet aux familles de réserver un créneau horaire au cours duquel le robot sera téléguidé jusque dans la chambre du patient pour permettre une conversation vidéo, les visites étant interdites.
Le robot - dont une dizaine d'exemplaires fonctionnent en Europe, notamment dans des maisons de retraite en France - est entièrement conçu et fabriqué en Tunisie, par une start-up basée à Sousse (est), Enova, première société de robotique dans la région. Un bond technologique pour cet hôpital public qui n'a commencé à informatiser les dossiers médicaux qu'il y a deux ans et n'a qu'un accès limité à internet.
« La crise sanitaire a permis de montrer à tous l'utilité de ces technologies, la robotique (...) pour aller en première ligne et éloigner les hommes du risque », souligne Radhouane Ben Farhat, directeur commercial Enova.
En outre, la Tunisie a recours à l’intelligence artificielle qui permet de fournir une indication fiable à 90% de la probabilité d'infection. Les enseignants et les étudiants de l'Institut tunisien d'ingénierie et de technologie INSAT développent la plateforme – Covid-19 Exam Ct/XR images by AI – depuis la mi-mars, avec le soutien de l'Agence allemande de développement GIZ, ainsi que de la Société italienne de radiologie médicale et du géant américain de la technologie IBM.
Des milliers de rayons X des poumons de personnes en bonne santé et de patients contaminés par le COVID-19 ont été intégrés à la plateforme, permettant à l'intelligence artificielle d'apprendre à reconnaître les marques du virus sur les poumons.
Des améliorations doivent encore être apportées pour les patients présentant peu de symptômes, mais la technologie « permet la classification d'un grand nombre d'images en très peu de temps, à faible coût », a déclaré l’universitaire Mustapha Hamdi, et l'un des développeurs de la plateforme : « Plus nous téléchargeons d'images sur elle plus elle devient exacte et fiable », a-t-il ajouté.
Elle est encore en phase de test, en cours d'évaluation par le ministère tunisien de la Santé. Mais si elle est approuvée, la technologie sera particulièrement utile dans les régions du pays qui manquent de grands hôpitaux et de médecins spécialistes.